"Some three years since I visited Niagara" p.7 => "speak only to the waters" p.8

Bonjour,

Voilà ma proposition pour les pages 7 à 8, de "Some three years since I visited Niagara" à "As you stand there speak only to the waters" :


Il y a environ trois ans, en partant des Bermudes pour revenir en Angleterre, j'ai visité Niagara ; j'ai ensuite publié des récits de voyage, dans lesquels je m'efforçai de mettre des mots sur l'effet qu'a eu sur moi ce passage entre la roche et la chute d'eau. Un auteur doit s'abstenir de citer ses propres mots ; toutefois, me sentant l'obligation, dans ce chapitre consacré à Niagara, de rendre quelque compte de ce lieu insolite, je m'aventurerai à me référer à mes observations précédentes.

En ce lieu que je m'apprête à décrire, le visiteur se tient donc sur un large chemin de galets, se trouvant entre la roche par-dessus laquelle l'eau chute et la chute d'eau. Il faut qu'il s'y enfonce suffisamment pour que les éclaboussures s'élevant du lit du torrent ne l'incommodent pas. Cela mis à part, il vaut mieux qu'il avance le plus possible ; mais son environnement lui indiquera distinctement le meilleur endroit où se placer. A l'exception d'une journée très venteuse, qui pousserait l'eau à l'intérieur de la caverne, cinq mètres seulement font la différence entre un pardessus relativement sec et un autre trempé. Enfin, que son dos soit à l'entrée du passage, dissimulant ainsi le dernier éclat du jour. Ainsi placé, il lèvera le regard vers la chute d'eau, ou l'abaissera en direction du précipice brumeux duquel les eaux s'élèvent en un masse presque aussi dense. La roche se dressera à main droite, haute et forte, sombre et roide, similaire à la paroi d'une caverne immense telle que les enfants en pénètrent dans leurs rêves. Cinq minutes durant, il ne détachera guère les yeux de la chute d'eau, de la chute, en effet, d'une masse d'eau unique au monde, ni de l'intérieur de sa courbe que l'on ne peut voir nulle part ailleurs. Mais peu à peu, ses perceptions s'altèrent. Il ne se tient plus sur un chemin de galets en-dessous d'une cascade, mais la sensation de la caverne s'empare de lui, la sensation d'une caverne profonde, recouverte par des eaux rugissantes dont les vagues, bien que réelles, ne l'engloutissent pas ; ou plutôt, ce ne sont point des vagues mais bien les entrailles de l'océan. Il voit le déluge tournoyer autour de lui, aller et venir dans un bruit de tonnerre, et il se souvient avec peine que bien que s'y trouvant à l'intérieur il n'en fait pas partie. Et les eaux, cascadant en un rugissement éternel, ne heurtent pas l'oreille mais diffusent au contraire un son harmonieux, semblent se mouvoir ainsi que, peut-être, les océans majestueux se meuvent, poussés par les courants sous-marins. Il perd la sensation d'un seul arc continu, et pense qu'elles le contournent, animées par leur dessein originel. Les gouttes qui jaillissent des profondeurs jaillissent avec tant de puissance, tant de densité, tant de vivacité, que leur mouvement paraîtra identique dans chaque direction. Et, tandis qu'il continuera sa contemplation, des couleurs singulières émergeront de la brume ; les différentes nuances de gris tendront vers le bleu ou le vert, avec ici et là un éclat de blanc ; et enfin, quand une rafale de vent soufflera plus violemment que les autres, la caverne entourée par les flots deviendra opaque et obscure. Oh, mon ami, que personne ne soit là pour s'adresser alors à toi ; non, pas même un frère. Lorsque tu te tiendras en ces lieux, ne t'adresse qu'aux eaux.

Merci infiniment !