ANTHONY TROLLOPE_NIAGARA
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Message par Axelle DEBERDT Mar 29 Mar - 20:32

Descendez à la lisière de ce pont de bois, placez-vous sur le rail et asseyez-vous jusqu’à perdre toute notion du monde alentours. Il n’y a pas de meilleur endroit à Niagara que celui-ci. Vous êtes totalement entourés par les eaux. Si vous avez ce pouvoir d’abstraction et de méditation indispensable pour profiter pleinement du décor, vous ne verrez rien d’autre que l’eau. Vous n’entendrez probablement rien d’autre ; et le son, je vous demande de vous en souvenir, n’est pas un bruit déchirant, insoutenable et raisonnant mais il est en outre mélodieux et doux, bien qu’il soit aussi fort que celui du tonnerre. Il emplit vos oreilles, comme s’il les enveloppait et pourtant vous pouvez discuter avec votre voisin sans efforts. Mais en cet endroit et en ces instants, moins il y aura de discussions devrais-je dire, meilleur ce sera. Il n’est pas d’endroit plus majestueux que celui-ci. Ici, siégeant sur les rails du pont, vous n’apercevrez pas toute la profondeur des chutes. En admirant l’œuvre la plus impressionnante de la nature, ainsi que de l’art, j’imagine ; il n’est jamais bon de tout voir. Une part devrait être laissée à l’imagination, voire même à moitié dissimulée dans une part de mystère. Le plus grand charme d’une chaine de montagne réside dans le sentiment un peu fou que derrière ces lointaines vallées doivent se trouver d’étranges mondes, encore inconnus et désolés. C’est pourquoi, à Niagara, les trombes d’eau peuvent bien tomber, autant que vos yeux peuvent le percevoir, tomber d’un trait dans l’enfer des rivières. Les regarder former leur première courbe par-dessus la roche est un spectacle magnifique. Elles jaillissent verte, tel une rivière d’émeraudes mais clairsemé de couleurs aériennes, comme si elles étaient conscientes qu’à l’instant d’après elles s’élanceraient en fine brume et s’élèveraient dans le ciel, aussi pâles que la neige. La vapeur monte haut dans les airs et se rassemble ici, toujours visible à la manière d’un nuage blanc perpétuel au-dessus de la cascade ; mais la plus grande partie de cette brume, qui remplit le vallon de ce fer à cheval, est semblable à une tempête de neige. C’est cette partie que vous ne verrez pas entièrement depuis le rail. Son sommet s’échappe encore et toujours du chaudron en deçà, mais vous ne pourrez pas voir le chaudron lui-même. Il est toujours si lointain, si profond que votre propre imagination peut s’y noyer. Mais votre regard restera entièrement absorbé par la courbure de la chute. La forme que vous admirerez est celle d’un fer à cheval, un fer à cheval incroyablement profond de l’orteil au talon – et plus vous resterez assis ici, plus il s’approfondira –. Ceci, qui de prime abord n’était que beau et grand, devient gigantesque et sublime jusqu’à ce que votre esprit soit incapable de trouver d’adjectif assez fort pour le décrire. Pour se rendre compte de ce qu’est Niagara vous êtes obligés de vous assoir ici jusqu’à ce que vous ne voyiez plus rien d’autre, ce pourquoi vous êtes venus. Vous n’entendrez plus rien d’autre et ne penserez plus à rien d’autre. A terme vous serez en harmonie avec la chute qui se trouve sous vos yeux. Vous vous tiendrez au milieu de ces eaux comme si vous leur apparteniez. Le liquide vert et frais coulera dans vos veines, et la voix de la cascade remplacera les battements de votre cœur. Vous jaillirez comme ces eaux brillantes jaillissent, vous précipitant sans hésitation et avec sérénité dans votre nouveau monde, puis vous vous soulèverez dans les airs telle la fine brume qui se soulève, lumineuse, superbe et pure. Puis dans votre course vous vous répandrez dans l’océan lointain, infini et éternel.

Axelle DEBERDT

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Date d'inscription : 09/03/2016

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